©ARySQUE - Travail en cours pour Le Jardin des connaissances
Il a fallu que des habitants et une artiste du quartier
se mobilisent. Il a fallu qu’ensemble, ils aillent voir les écoles, les
commerçants et les associations. Il a fallu ce terreau collaboratif et les
graines ont germé : ce printemps, le passage Beslay commence sa mutation.
Bienvenue dans le Jardin
des connaissances !
Une bonne cinquantaine de mètres en pente douce descendant
tout droit sud-sud-ouest entre l’avenue Parmentier et la rue de la
Folie-Méricourt. De part et d’autre, des hauts murs avec deux écoles, un
immeuble résidentiel et la vitrine d’un restaurant. Entre les deux, un passage
étroit et sombre qui ne voit jamais le soleil et une vague placette plantée de
hauts arbres, qui, elle, ne le rencontre que l’hiver ou presque. Ajoutez à cela
des recoins urinoirs par-ci et un “crottoir” partout, des mégots et parfois des
canettes au petit matin… Bref, pas exactement l’endroit rêvé pour les 400
minots qui fréquentent les écoles maternelle et primaire du passage
Beslay !
Et pourtant, allez comprendre : ce passage, on l’aime.
Peut-être parce nos enfants y jouent et y étudient,
peut-être parce qu’on est nombreux à s’y être rencontrés en attendant devant
l’école ou peut-être parce qu’on y vote… Peut-être surtout parce que c’est
vraiment trop dommage un espace piéton comme celui-ci avec cette tristesse-là,
a fortiori dans un quartier comme le nôtre qui vit entre Charlie et Bataclan,
avec passion et espoir malgré tout.
Alors, forcément, ça a fini par sérieusement nous houspiller
— nous, les habitants, les gamins, les parents, les écoles et les commerçants —
ce passage minable avec ces écoles-là !
Il y a quelques années déjà, le Conseil de quartier République-Saint-Ambroise était
venu installer des jardinières et planter des fleurs que Louis a longtemps
arrosées… un peu esseulé jusqu’ici dans cette tâche — il faut bien le dire — et
parfois désespéré par les dégradations et les vols réguliers.
Plus récemment, des barrières ont été placées aux entrées
pour empêcher la circulation des scooters dans la zone piétonne. Par deux fois,
des projets d’aménagement ont été déposés au budget participatif. En
vain, puisqu’ils n’ont pas été élus ?
©ARySQUE
Pas du tout : à l’automne 2016, la campagne pour ce
vote a fait tellement de bruit que les soucieux du passage Beslay qui
fulminaient dans leur coin sur cet immense gâchis se sont rencontrés, ont
échangé leurs idées et leurs besoins, et se sont regroupés dans un collectif
composé d’habitants, des écoles Beslay et Pihet, des commerçants et d’associations.
En janvier 2017, ce collectif est allé présenter en mairie,
un nouveau projet d’aménagement créé par ARySQUE, une artiste du quartier, à
partir des différentes rencontres avec les acteurs de ce collectif. Les
aménagements proposés dans ce nouveau projet visent à transformer notablement
le passage Beslay pour y créer un jardin peint et planté par les habitants, les
écoles et des associations. Un jardin recouvrable et renouvelable, qui soit
utile pour les écoles et les placerait au cœur du quartier. L’idée est d’en
faire autre chose qu’un passage : un espace jardiné de pédagogie partagée,
associatif, solidaire et culturel.
Immédiatement, le projet a reçu l’appui du maire du XIe et de ses équipes qui ont vivement
encouragé le Collectif à aller de l’avant. En fait, tous étaient plutôt
enthousiastes à l’idée que des habitants et des écoles proposent une solution
solidaire et collaborative pour ce passage qui agace la mairie depuis des
lustres.
Alors on a avancé et on a surfé sur la dynamique de végétalisation
du quartier en réunissant toutes les bonnes volontés :
On a rencontré le Conseil de quartier qui nous a apporté à
l’unanimité le premier financement.
On s’est encore rapproché des écoles pour concevoir les
ateliers qui permettraient de créer ce jardin peint et végétalisé avec les
centres de loisir et sur les temps périscolaires.
En parallèle, on concrétisait nos partenariats associatifs.
Avec le Jardin partagé Truillot, voisin de quelques
centaines de mètres, on a décidé de mutualiser nos moyens et nos compétences
pour végétaliser en mode éthique et avec les enfants. On a aussi décidé de
faire souvent la fête ensemble pour animer le passage et le quartier.
Dans la foulée, avec Le Carillon, on a réfléchi à la mise en
place d’une gestion partagée du Jardin des connaissances avec les sans-abris et
on s’est rapproché de l’Esat dont des pensionnaires handicapés participent déjà
à l’aventure.
Il nous reste encore à avancer, notamment sur les volets du
partage inter générationnel et de l’implication des commerçants : on n’a
pas encore eu le temps, désolés !
Forts de tous ces appuis, on a affiné le concept : ce
sera un Jardin des connaissances, fait de couleurs, de photos, de mots et de chiffres qui,
découpés en formes végétales ou animales, dessineront un jardin. Il racontera
sur les murs des écoles ce qu’on apprend derrière eux, et il fleurira aussi
souvent que possible de poèmes et de théorèmes, de campanules et de lierre
frais. Il parlera aussi du quartier et montrera comme il vit.
Maintenant, pour savoir précisément jusqu’où pourra aller
cette invasion de culture et de plantes, on attend un ultime feu vert :
l’autorisation d’habiller les murs des écoles, parce que, pour réaliser ce
jardin, nous demandons :
- de
pouvoir coller sur ces murs, des créations éphémères qui inventeront un
« garden-street-art » dessiné par des artistes en herbe ou confirmés,
- d’y
visser des silhouettes en bois découpé peintes par les enfants, qui signeront
ce jardin de manière pérenne, avec des arbres dont les feuilles voleront avec
les abeilles et les coccinelles,
- la
pose de vitrines sous clef pour organiser des expositions,
- et
bien sûr, nous demandons aussi, pour ce jardin, de pouvoir faire grimper du
vert sur les façades grises, partout où l’environnement urbain le permettra et
quelques aménagements qui empêcheront les recoins d’être des pissotières
sauvages.
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Habillage du mur de l'école élémentaire |
On n’est pas certains de tout obtenir, mais on a des plans B
et des soutiens qui ont l’air solides… Alors on continue d’avancer et on a présenté un projet au budget participatif de 2017 pour la partie nord du passage.
Et pendant que la transformation urbaine de la zone piétonne se prépare en
coulisses, le Jardin des connaissances naît aujourd’hui sur la toile avec ce
blog. Abonnez-vous, rejoignez-nous sur Facebook et partagez l’info autant que
possible.
On a besoin de tous les artistes et jardiniers, en herbe ou confirmés,
pour dessiner le nouveau passage Beslay.
D’ailleurs, si ça vous dit : à droite de cette page, se
trouve un formulaire de contact. N’hésitez pas à nous écrire : le passage
Beslay est un passage public et il est à vous. Il attend vos idées, vos
questions, vos suggestions, vos remarques et vos envies. De notre côté, on vous
prépare quelques surprises et occasions de rencontre.
Prochain rendez-vous la semaine prochaine pour voir en vrai
les premières pousses du premier printemps du Jardin des connaissances : les 22
et 26 mars, à l’occasion de la semaine Enjardinez-vous organisée par la mairie
du XIe., on vous raconte tout, on vous montre les premières créations, on
commence à planter et on fait la Fête des coccinelles avec le Jardin partagé
Truillot. N’hésitez pas à venir nous donner un coup de main (bricoleurs vivement
espérés le 22 au matin !) et à nous apporter quelques fleurs peu
précieuses qui ne tenteront pas le quidam !
On vous en dit plus très vite sur les horaires et les
animations prévues pour les enfants sur le passage Beslay. Là tout de suite, on
court parce qu’il faut préparer un après-midi chargé : le temps est sec
depuis plusieurs jours et on va pouvoir commencer à repeindre les vieilles
jardinières avec les enfants et terminer à l'extérieur les grandes peintures (100x200cm) qu'on a commencé à créer à plein de mains avec des enfants de Grande section de maternelle et de CP des écoles Beslay et Pihet. Pour le moment, on en est là et je ne vous montre que des petits morceaux parce qu'on n'a pas fini.
A très bientôt dans le Jardin des connaissances, situé
passage Beslay, à Paris XI, entre l’avenue Parmentier et la rue de la
Folie-Méricourt.